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Telle est la question que pose un article de la revue Territoires [1] dans son dernier numéro de juin 2007. L’auteur, Aline Chambras, s’interroge sur l’avenir des Verts : « Sont-ils voués à se dissoudre au sein des partis traditionnels, comme le laisse entendre le départ de certains Verts pour le Modem ou le PS, en reniant trente ans de combats ayant réussi à faire d’eux une force politique émergente ? Doivent-ils, leurs électeurs et sympathisants aussi, en conclure que l’idéologie écologiste n’aurait plus besoin de parti pour exister ? Ou que la banalisation de l’écologie est, paradoxalement, à l’oeuvre ? »
A travers la parole de divers acteurs des politiques régionales vertes, ainsi qu’en retraçant l’histoire des Verts « du mouvement au parti » des années 70 à aujourd’hui, l’article montre comment Les Verts sont passés du statut de contestataires à celui d’un parti influent et crédité d’une réserve de bonnes idées politiques. Grâce notamment à l’investissement d’élus locaux ils ont su imprégner le débat politique de leurs spécificité, que ce soit sur le terrain de la protection de l’environnement, mais également sur celui de nombreux thèmes novateurs, comme ceux de la parité, de la démocratie participative, de l’intégration par le vote des étrangers résidant en France ou de la régularisation des sans-papiers.
L’article poursuit en montrant qu’aujourd’hui que le diagnostic "d’urgence écologique", élaboré par les Verts, est partagé par tous ou presque (depuis "La maison brûle" de Chirac, jusqu’à la pantalonnade de Nicolas Hulot), les fondements même de l’écologie politique (programme politique, social et économique dont l’ambition finale est de préserver la planète) est en péril d’être dilué dans une bonne conscience environnementaliste qui ne proposerait pas d’approche globale. Or, « l’écologie n’est pas un supplément d’âme, mais un projet de société, global et transversal. »
Dans une interview, Erwann Lecoeur [2] précise que « seuls les Verts peuvent refuser la simplification et la banalisation des défis écologiques » et qu’ils « doivent impérativement reposer les termes et les enjeux de la crise écologique globale actuelle, ainsi que les moyens d’en sortir », loin du lobying de Nicolas Hulot, qui a réussi à occuper l’espace sans poser la nécessité du changement. Car, « c’est le revers de la médaille de l’action médiatique [de N.Hulot] sans rapport de force à terme : semblant faire avancer la prise de conscience sans engagement réel, elle fait surtout reculer le moment de la confrontation au réel et l’urgence de l’action transformatrice. »
Le slogan de Dominique Voynet durant la campagne "il n’y aura pas d’écologie sans écologistes" deviendra-t-il réalité ?
[1] Territoires est porté par l’ADELS (Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale)
[2] Erwan Lecoeur : sociologue, ancien directeur scientifique de l’Observatoire du débat public, auteur du Dictionnaire de l’extrême droite (Larousse, 2007)