Un ministère en quête d’identité

samedi 2 juin 2007.par Philippe Ladame
 
Le président Sarkozy s’emploie à contenir les paroles de ses ministres pour qu’ils ne gâchent pas les chances d’un raz de marée UMP aux législatives. Mais le ministre de "l’immigration etc." doit pourtant faire sa place au soleil.

Le Monde du 1/06/07 explique que le ministère dirigé par Brice Hortefeux, dit de « l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du codéveloppement », a vocation à traiter de sujets qui relevaient précédemment quatre ministères : l’intérieur, la justice, le travail et les affaires étrangères.

Le nouveau ministre qui ne dispose pas, pour le moment du moins, d’administration propre, joue des coudes pour trouver son espace.

C’est ainsi qu’il a pu récupéré l’initiative politique en matière d’asile. « Lorsqu’il était ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy avait déjà tenté de récupérer la tutelle de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Sans succès. » explique Le Monde.

C’est maintenant en bonne voie. « Désormais, toute nouvelle législation sur l’asile dépendra du ministre de l’immigration, » explique-t-on dans l’entourage de Brice Hortefeux.

Il faudra cependant concrétiser cela par une loi pour faire passer l’Ofpra, établissement public indépendant rattaché depuis 1952 au Quai d’Orsay, sous la tutelle administrative du nouveau ministère, une perspective qui ne devrait pas sourire aux associations de défense des droits des étrangers, qui « récusent tout amalgame entre la question de l’asile et celle des flux migratoires, » selon Le Monde.

Brice Hortefeux semble avoir eu moins de succès sur le plan de la coopération puisqu’il n’a « pas réussi à déposséder Bernard Kouchner de la direction générale de la coopération internationale et du développement, qui reste dans l’escarcelle du ministère des affaires étrangères. »

Il n’est pas certain, pour autant, qu’il renonce car il semble avoir de grands projets en la matière. Comme on peut le lire dans L’Express du 1/06/07, « le ministre regrette que 80% des transferts de fonds des migrants en France vers leur pays d’origine soient consacrés à la consommation courante. Il souhaite qu’ils soient "davantage utilisés à des fins d’investissement productif". "Nous allons, par exemple, mettre en oeuvre le ’compte épargne codéveloppement’ qui est destiné à mobiliser l’épargne des migrants présents en France vers des projets d’investissement économique dans leur pays d’origine", dit-il. »

On sait que, dans bien des pays du tiers-monde, le volume d’argent épargné envoyé par les immigrés dépasse celui des fonds de la coopération internationale.

Que cet argent serve à subvenir aux besoins élémentaires des populations semble ennuyer notre nouveau ministre qui le verrait mieux investi dans de « l’investissement productif » ... sur des projets où interviendraient des entreprises françaises, peut-être ?

Le co-développement comme participation des pays pauvres au développement des grandes entreprises des pays riches ! On vit une époque formidable.

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