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« Vitre cassée, photocopieuse renversée, livres et tracts éparpillés autour d’étagères renversées, tags plus qu’explicites : « On aura ta peau Borvon »... Après Guingamp (22), dans la nuit de vendredi à samedi, c’est au tour du local brestois d’Eau et Rivières d’être pris pour cible, » pouvait-on lire dans le Télégramme ce mardi 27.
Lundi soir, à Landerneau, une cinquantaine d’agriculteurs ont maculé la chaussée et des panneaux de signalisation avec des slogans comme « Eau et Rivières = Gestapo et Himmler. » expliquait de son côté Ouest-France.
Depuis quelques semaines, les agriculteurs se mobilisent contre un plan préfectoral qui prévoit la réduction de la fertilisation des sols [1] sur deux bassins versants du Nord-Finistère, un plan destiné à tenter d’échapper à une sanction de Bruxelles pour la pollution de plusieurs rivières bretonnes.
« Les plaintes d’Eau et Rivières de Bretagne commencent à exaspérer le monde des agriculteurs » a expliqué Joseph Menard, le président de la FRSEA de Bretagne, précisant toutefois « ne pas être au courant de ces faits ».
En effet, les associations de défense de l’environnement, et tout particulièrement Eau et Rivières de Bretagne, mènent depuis longtemps l’action pour exiger la reconquête de la qualité de l’eau. Elles n’ont pas manqué d’interpeller à plusieurs reprises les instances européennes pour dénoncer la non-application de la directive de 1975 qui, théoriquement, impose de respecter un taux de 50 mg de nitrates par litre dans les captages d’eau.
On comprend que Eau et Rivières de Bretagne et Gérard Borvon, militant Vert, président de S-Eau-S, ne soient pas en odeur de sainteté auprès d’agriculteurs qui estiment que la qualité de l’eau s’est bien améliorée ces dernières années et dénoncent la brutalité des mesures préfectorales.
Les dégradations récentes sont donc probablement le fait d’agriculteurs en colère. C’est en tout cas l’hypothèse des Verts de Brest qui estiment, dans un communiqué du 27/02/07, que « la longue histoire de la stratégie de la violence agricole instrumentalisée en Bretagne vient de s’enrichir d’un lamentable nouvel épisode. »
Rappelant que « en 40 ans la production animale, (90% de l’activité agricole bretonne) a explosé (la production porcine est passée de 90 000 tonnes à plus de I.000.000 de tonnes, la production de volaille a été multipliée par 12 (500 millions de têtes) et celle de bovins par 5) », les Verts estiment que les agriculteurs, loin d’être victimes des écologistes, payent en fait« la note de choix irresponsables guidés par une logique de profits maximum à courts termes, relayée par des responsables agricoles de syndicats majoritaires sur fond de laxisme des pouvoirs publics. »
Une appréciation que partagent certainement les élus régionaux Verts qui affirment de leur côté que « les associations écologistes sont des boucs émissaires faciles face au laisser-faire qui a abouti à la pollution durable des eaux bretonnes et à la disparition de milliers d’emplois agricoles. »
[1] Pour réduire la quantité de nitrates dans les eaux de rivières, les apports azotés à 140 kg/ha (170 kg/ha pour les légumiers) seront plafonnés de façon obligatoire à partir de 2008.