Pas de zéro de conduite à trois ans

vendredi 15 décembre 2006.par Philippe Ladame
 
« Toute association systématique entre troubles du comportement et délinquance est infondée. » Ces paroles de Xavier Bertrand, ministre de la santé, tranchent avec la tonalité des propos gouvernementaux d’il y a un an.

Le colloque Inserm qui s’est tenu le 14 novembre 2006 qui regroupait les professionnels de la pédopsychiatrie, de la psychologie, de la santé et de la petite enfance, des chercheurs et des familles, a manifesté un large rejet des préconisations de dépistage précoce de la délinquance et d’approche sécuritaire des difficultés de santé.

Pourtant, fin 2005, s’appuyant sur un rapport Inserm portant sur le « trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent », un plan gouvernemental de prévention de la délinquance apparaissait qui prônait notamment une détection très précoce des « troubles comportementaux » chez l’enfant, censés annoncer un parcours vers la délinquance.

Dès le début 2006, la mobilisation se construisait, notamment autour de l’appel « Pas de 0 conduite pour les enfants de trois ans » (voir le texte de l’appel). A ce jour, il a recueilli près de 200.000 signatures.

Cette mobilisation, des professionnels notamment, se concrétisera par la tenue d’un colloque le 17 juin 2006, dont les "actes" viennent de paraître et peuvent être commandés sur le site de la Société française de santé publique.

Elle a abouti au retrait de l’article sur le dépistage précoce du projet de loi prévention de la délinquance et à l’abandon de l’idée d’un carnet de comportement dès la maternelle. C’est aussi cette mobilisation qui explique largement la sorte d’auto-critique que constitue le colloque Inserm du 14 novembre.

Dans un communiqué du 11/12/06, le collectif Pasde0deconduite se félicite de ces avancées.

Il déclare cependant rester vigilant « à l’heure où les fondements du secret professionnel, gage de l’efficacité et de l’éthique des pratiques de prévention, sont remis en cause par le projet de loi de prévention de la délinquance. » Il rappelle notamment que l’article 5 de cette loi prévoit toujours une mesure de levée obligatoire du secret professionnel, au profit du maire de la commune, dans le cas de personnes « présentant des difficultés sociales, éducatives ou matérielles ».

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