La pandémie silencieuse

samedi 11 novembre 2006.par Philippe Ladame
 
De même que pour le climat, un consensus est en train de se construire sur la question de l’impact de l’environnement sur la santé. Se traduira-t-il en politiques ?

Libération du 11/11/06 rappelle que si les signataires de l’Appel de Paris (voir notre article) étaient peu nombreux en 2004 et peinaient à convaincre, aujourd’hui ils sont largement rejoint par la communauté scientifique. Lancé le 7 mai 2004, l’appel a maintenant été signé par plus d’un millier de scientifiques dans le monde - dont plusieurs Prix Nobel - et 1 500 organisations non gouvernementales.

Le Monde, de son côté, évoque les travaux de Philippe Grandjean (université du Sud-Danemark) et Philip Landrigan (Mount Sinai Hospital, New York). Les chercheurs ont recensé les données connues sur la toxicité neurologique des produits chimiques chez la femme enceinte et le jeune enfant. « Leur constat, lourd, plaide pour que des tests renforcés soient menés sur les substances chimiques avant qu’elles ne soient commercialisées, » explique Le Monde.

« A ce jour, » poursuit le journal,« des dizaines de milliers de produits chimiques sont disponibles sur le marché : on en comptabilise 100 000 dans l’Union européenne et 80 000 aux Etats-Unis. Or, moins de la moitié ont fait l’objet de tests d’évaluation de leur toxicité. Pour 80 % d’entre eux, aucune information n’est disponible sur les effets que ces substances pourraient avoir sur le développement du cerveau de l’enfant. »

Or les chercheurs attirent l’attention sur le fait que, si la toxicité chez l’adulte n’est aujourd’hui connue que pour 202 produits, ceux-ci ne sont probablement que "la partie émergée d’un énorme iceberg". Ils insistent notamment sur les effets "à retardement" comme ce fut le cas avec « l’exposition au plomb présent dans l’essence des enfants des pays industrialisés nés entre 1960 et 1980 ».

Si le consensus se construit à l’évidence, rien ne garantit qu’il se traduise bientôt en mesures politiques, comme le proposent, depuis de nombreuses années, les Verts. L’inertie du personnel politique est grande, l’action des lobbies est forte, la mobilisation citoyenne est encore faible. Le fait que la question de la santé soit inscrite parmi les objectifs du pacte écologique que cherche à promouvoir Nicolas Hulot, permettra peut-être de faire avancer un peu le schmilblik. Mais le pas décisif, c’est quand ces préoccupations sont inscrites dans les lois et les politiques publiques, c’est à dire quand les élus, à tous les niveaux de la société, prennent réellement, jour après jour, les mesures adéquates. Et ça, c’est pas gagné.

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