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Après avoir mis en doute la réalité des « empêchements de s’exprimer » allégués par M. Allègre, Sylvestre Huet détaille le fonctionnement du GIEC (groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) : « Parler de « dictature intellectuelle » et suggérer que son fonctionnement s’inspire de dictatures politiques et policières n’est pas seulement faux, mais également méprisable, » explique-t-il avant de poursuivre. « Il est tout à fait exact qu’entre le long texte des rapports, plusieurs milliers de pages, et le bref « résumé pour décideurs », de 37 pages pour celui de 2001, qui est voté par une assemblée des représentants de leurs pays nommés par les gouvernements, se produit une réduction drastique en volume. Pour autant, il suffit de consulter celui de 2001 pour y voir listées les principales « incertitudes clés », par opposition aux « conclusions robustes ». Parmi les dites incertitudes clés, on peut lire : « ampleur et caractère de la variabilité naturelle du climat », « forçages climatiques dus aux facteurs naturels et aux aérosols anthropiques », « liens entre tendances régionales et les changements climatiques anthropiques ». Présenter ce texte comme « un consensus de tous sur tout et tout de suite », comme le fait Claude Allègre est donc un mensonge factuel qui ne résiste pas à la simple lecture du texte (lisible en français et téléchargeable à http://www.ipcc.ch/pub/un/syrfrench/spm.pdf - .pdf de 1.5 Mo). »
Sur le fond, le journaliste s’interroge sur le fait de savoir à quel moment une connaissance ou un ensemble de connaissances acquiert un statut tel que la bonne méthode n’est plus de la mettre en doute.
La théorie de l’effet de serre du CO2 a été émise en 1896 par le scientifique suédois Svante Arrhénius. Mais il était impossible jusqu’à récemment de déterminer la part de ce rôle du CO2 par rapport à d’autres facteurs pouvant influer sur le climat et d’en connaître l’historique.
Nous savons maintenant que « le niveau de dioxyde de carbone (ou CO2), par exemple, a constamment gardé une valeur proche de 280 parties par million (ou ppm). Depuis plus d’un siècle, c’est-à-dire depuis le début de l’ère industrielle, les activités humaines sont venues rompre de manière brutale cet équilibre. Le niveau de CO2 atmosphérique atteint désormais 370 ppm - une valeur jamais approchée tout au long du dernier million d’années, où les fluctuations du CO2, associées aux variations glaciaires-interglaciaires, se sont toujours inscrites dans une fourchette allant de 180 à 300 ppm. » (Hervé Le Treut in Le Monde du 24/10/06.)
Pour Sylvestre Huet, « la conviction récente des scientifiques spécialistes du sujet selon laquelle le doute n’est plus de mise sur cette affirmation s’est construite avec prudence, à l’aide d’un énorme travail de critique. Dans ces conditions, il devient raisonnable de leur faire confiance plutôt qu’à quelques individus qui semblent animés (vigoureusement) par des motivations énigmatiques et en tous cas très éloignées d’un débat scientifique normal. »