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Face à la détection récente de criquets pèlerin dans le nord-ouest de la Mauritanie, un communiqué de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) encourage plusieurs pays africains à relever leur niveau d’alerte (sources).
La dernière invasion de criquets surgie dans l’ouest du Sahara remonte à 2003/2004 (voir notre article sur le sujet) ; auparavant, les criquets avaient déjà sévi en 1988 et avait touché 28 pays africains. A chaque fois, le fléau a été combattu à la "va comme je te pousse" à grand coup de pesticides, également néfastes pour l’homme, les bétails et, d’une façon générale, l’environnement.
C’est pourquoi « de plus en plus de voix s’élèvent pour demander l’expérimentation, sur le terrain, d’alternatives aux pesticides conventionnels respectueuses de l’environnement. » comme le souligne un article de Jeune Afrique.
Il est vrai que, depuis 1988, les experts en prévision et lutte antiacridienne ont fait quelques progrès. M. Cressman, expert en prévisions acridiennes du Centre névralgique des opérations antiacridiennes d’urgence (ECLO, à Rome) de la FAO, affirmait précisément dans un article de la FAO paru en juillet 2006 « La prochaine fois, nous disposerons de nouveaux outils » (source).
C’est du moins ce que laisse espérer la recherche en cours au Centre international de physiologie et d’écologie des insectes (ICIPE) de Nairobi, qui a identifié et synthétisé un phéromone (ou signal chimique, appelé PAN) spécifique aux acridiens, qui peut être utilisé contre les jeunes ailés avec un effet dévastateur. « Ce qui rend PAN particulièrement attractif est que l’on n’a besoin que d’une fraction de la substance - moins de 10 millilitres par hectare - par rapport aux quantités de pesticides chimiques ou biologiques. Cela se traduit par des coûts financiers et environnementaux nettement plus faibles : 50 cents l’hectare contre 12 dollars pour les pesticides chimiques et 15-20 dollars pour les biopesticides. »
Une autre approche, biologique celle-là, consiste à utiliser un champignon létal mis au point par le centre de lutte biologique de l’Institut international pour l’agriculture tropicale de Cotonou (Bénin) et fabriqué en Afrique du Sud. « Son principe actif est constitué par les spores du champignon qui forent à travers les exosquelettes des criquets et détruisent leurs tissus de l’intérieur. Létal sur les criquets, le champignon est inoffensif sur d’autres formes de vie. »
Enfin, citons encore dans l’armement moderne en préparation une catégorie de produits à base d’hormones (connue sous le terme de régulateurs de croissance des insectes - ou IGR) qui bloquent la capacité des larves à effectuer leur mue correctement.
Ainsi, pour peu que les informations de terrain remontent suffisamment tôt et que la logistique opérationnelle suive, on peut espérer voir le fléau enrayé à temps.
Rappelons qu’en 2004, la communauté internationale et la FAO avaient dépensé plus de 400 millions de dollars pour combattre la pire recrudescence acridienne connue depuis 15 ans et tenter d’en effacer les séquelles, profondes, sur les populations précarisées.