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« Cela ne devrait surprendre personne que nous fassions tout notre possible pour défendre les intérêts de notre industrie, comme n’importe quel autre grand secteur industriel, » a déclaré John McNamara de l’association pour l’industrie nucléaire à Brian Wheeler, auteur pour BBC News d’un article sur les travaillistes et le lobby nucléaire.
Et, d’après l’article, les efforts de lobbying ont effectivement été constants, semble-t-il, tout particulièrement en direction des responsables travaillistes (Labour).
Depuis 2004, British Nuclear Fuels Limited, l’opérateur nucléaire national, utilise ainsi les services de l’agence internationale Weber Shandwick, dont la branche anglaise est dirigée par Colin Byrne qui fut directeur de la communication du parti travailliste et "spin doctor" du prince Charles [1].
EDF, autre acteur important du marché du nucléaire britannique, n’est pas inactif non plus. Elle a, selon BBC News, obtenu récemment des ministres une procédure rapide (fast track) pour s’épargner les longues enquêtes publiques préalables. Andrew Brown (le frère de Gordon, ministre du budget) se trouve être le directeur de la communication d’EDF au Royaume-Uni.
Le géant américain Fluor, qui lorgne sur une part des dizaines de milliard de livres du marché du démantèlement des centrales britanniques (voir notre article) et sur les développements possibles, utilise, quant à lui, les services de Sovereign Strategy qui promet « l’accès aux décideurs des gouvernements nationaux [2] »(source).
Cette agence, qui compte parmi ses administrateurs Lord Cunningham, travailliste proche de Tony Blair, est dirigée par Alan Donelly, ancien leader du groupe travailliste au parlement européen, et proche du ministre de l’environnement David Miliband, par ailleurs député dont le bureau de circonscription a été rénové, début 2006, grâce à un don de 2.000 livres provenant de M. Donelly.
Pour Jean McSorely, l’une des responsables de Greenpeace, ce lobby pro-nucléaire a habilement joué des arguments environnementaux, du réchauffement climatique et de l’enjeu de l’approvisionnement énergétique pour avancer leurs pions. Les anti-nucléaires ont des arguments scientifiques supérieurs, mais ils n’ont pas de chances égales de les faire valoir, explique-t-elle. « Les travaillistes ont souvent brocardé le réseau des vieux amis (the old boy network), les liens des grandes écoles et tout cela, mais ils ont un réseau comparable. On peut se résigner au fait que c’est ainsi, mais il doit y avoir plus de transparence. »
[1] On nomme spin doctors ces conseillers politiques, metteurs en scène des causes douteuses, comme ceux qui se sont "illustrés" dans la justification de la guerre en Irak par la communication sur les armes de destruction massives.
[2] "Pathways to the decision-makers in National Governments."