![]() |
Le 19 juin, Reality of Aid, réseau international d’organisations de la société civile a lancé à Oslo son rapport 2006 sur le thème “Sécurité et développement”.
Il dénonce le détournement de l’aide publique au développement (APD) au profit des préoccupations sécuritaires des pays riches au détriment de la réduction de la pauvreté et des inégalités : seul un tiers des nouvelles sommes a été attribué aux Objectifs du Millénaire pour le développement de l’ONU. Si les dépenses dans le secteur de l’armement s’élèvent à 1000 milliards, l’aide au développement est estimé à 80 milliards, ce qui reste d’autant plus dérisoire par rapport aux transferts d’argent pratiqués par les immigrés, estimés à 200 milliards.
Depuis le 11 septembre 2001, les tenants de la lutte contre le terrorisme « exercent des pressions importantes pour que la sécurité nationale devienne la principale politique étrangère dans plusieurs pays donateurs », indique le rapport. 10 milliards ont ainsi financé l’Iraq et l’Afghanistan sur les 27 milliards qui avaient été ajoutés dans le budget des pays donateurs entre 2000 et 2004. « Malheureusement, certains conflits - où il est évident que les pays riches ont des intérêts stratégiques - attirent l’attention tandis que d’autres sont ignorés », a expliqué Tony Tujan, le président du réseau The Reality of Aid.
En fait, la situation n’a guère changé depuis le rapport de 2004, le réseau est davantage préoccupé par le fait que les règles régissant l’aide au développement extérieur pourraient être modifiées afin d’y inclure plus de projets militaires. « L’intégrité des nouvelles sommes attribuées au budget de l’aide internationale est compromise, car il y a de plus en plus de pressions pour modifier les critères régulant l’aide au développement », précise le rapport.
Le rapport cite par exemple l’action des Etats-Unis, de l’Australie et des Pays-Bas pour étendre l’aide au développement à la modernisation des armées. « Il est vrai qu’il est difficile de mettre en place des projets d’aide au développement dans un contexte d’insécurité, mais les opérations militaires ne deviennent pas des activités de développement pour autant », a remarqué Gerry Barr, le président du Conseil canadien pour la coopération internationale.
Les États-Unis et l’Australie sont présentés comme les pires contrevenants. Les États-Unis utilisent l’aide au développement comme une ressource stratégique au service des objectifs de sécurité américains et de sa guerre contre le terrorisme. L’aide australienne comprend désormais plusieurs initiatives de lutte antiterroriste en Indonésie et aux Philippines. Pour l’Europe, certains eurodéputés poursuivent en justice la Commission européenne : ils l’accusent d’avoir récemment prévu dans ce cadre des projets de lutte contre le terrorisme aux Philippines et au Pakistan qui contreviennent aux règlements de la Commission en la matière.
Dans son rapport sur l’APD française en novembre 2005, Coordination SUD dénonçait déjà le "gonflement statistique" de l’aide française. En effet, la France comptabilise les allègements de dettes, l’accueil des réfugiés en France, les lycées français à l’étranger, ou encore les crédits alloués aux TOM. C’est un moyen simple et efficace pour faire croire qu’elle respecte ses engagements pour augmenter l’aide sans accroître sa lutte contre la pauvreté et les inégalités.