![]() |
L’Assemblée de l’ONU a proclamé 2006 l’Année internationale des déserts et de la désertification. Suivant la tradition, c’est aussi le sujet de la Journée mondiale de l’environnement avec pour slogan « Ne désertez pas les terres arides ! », pour souligner ce problème environnemental des plus pressants : la perte de productivité biologique du sol, due à l’activité humaine et aux changements climatiques.
Kofi Annan a notamment déclaré : « Les terres arides, présentes dans toutes les régions du monde, couvrent plus de 40 % de la surface. Plus de 2 milliards de personnes, soit un tiers de la population mondiale, habitent ces zones écologiquement, économiquement et socialement marginales. Pour la plupart, la vie est dure et l’avenir incertain. Nous ne pouvons pas négliger ces gens, ni le milieu fragile dont ils dépendent. » En effet, 90 % des gens vivant dans les zones arides vivent dans des pays en développement et le taux de mortalité infantile est 10 fois plus important que dans les pays développés.
Qu’est-ce que la désertification ?
La désertification touche de nombreuses régions du monde, notamment en Afrique, mais pas seulement. Les déserts nord-américains ou ceux d’Arabie Saoudite, avec certaines villes du désert sont notamment inquiétés par ce phénomène qui joue sur la pénurie d’eau. Le développement de nouvelles régions désertiques joue sur l’insécurité alimentaire et une pauvreté rurale impliquant des flux de réfugiés climatiques.
Les effets de la désertification
Cette désertification engendre des problèmes multiples dans l’alimentation, la santé, la sécurité : on observe alors une diminution de la production alimentaire et de la productivité des sols. L’absence de végétation favorise les risques d’inondation. Les poussières dans le désert sont responsables d’infections oculaires. Si les Nations Unies établissent à 45 milliards $US par an le coût associé au phénomène de la désertification, on estime à seulement 2,4 milliards $US le coût annuel pour prévenir la dégradation des sols. Mais avec les conséquences sanitaires et sociales, le coût global est en fait très difficile à estimer.
Seule une irrigation plus méthodique par exemple, ou des politiques de diversification du travail dans les zones arides pour cesser de dépendre de l’agriculture pourrait aider à prévenir ce problème.
Le changement climatique et les humains
On met généralement en lumière les effets du changement climatique, la salinisation et la disparition de la faune ou bien encore la déforestation. La sécheresse joue bien sûr un rôle dans ce processus et la plupart des déserts verront leur précipitation décroitre. On note aussi l’impact du surpâturage avec la surexploitation des nappes phréatiques (mais aussi la mauvaise gestion et le gaspillage d’eau).
500 millions de personnes qui vivent dans des régions désertiques vont certainement vivre dans des conditions plus difficiles que celles qu’on peut déjà connaitre : hausses des températures et diminution de l’eau potable (avec notamment la salinisation). Un quart au moins des terres émergées de la planète sont considérées comme désertiques. "Non seulement les températures vont grimper de quelques degrés, mais l’eau disponible risque de devenir impropre à la consommation en se salinisant", résume The Guardian. La plupart des déserts, indique en effet le rapport, verront leur température augmenter d’au moins 5° avant la fin du siècle et leur précipitation chuter d’environ 10 à 20 %.
Kofi Annan a aussi indiqué que "si les tendances actuelles se poursuivent, 60 millions de personnes auront quitté avant 2020 les régions désertiques de l’Afrique sub-saharienne pour gagner l’Afrique du Nord et l’Europe, et, dans le monde, 135 millions de personnes seront peut-être sur le point d’être déracinées."
Les effets positifs de la désertification
"Les déserts sont des écosystèmes dynamiques et uniques qui, s’ils sont traités avec ménagement, peuvent fournir des réponses à de nombreux défis auxquels nous faisons face aujourd’hui, que ce soit pour l’énergie, l’alimentation, ou la médecine", souligne pourtant Zaveh Zahedi, du PNUE.
Les déserts pourraient notamment devenir des centrales électriques propres en utilisant les ressources du soleil et du vent : un désert de la taille du Sahara pourrait avec l’énergie solaire répondre aux besoins d’électricité du monde entier, même si encore beaucoup de problèmes techniques se posent comme le transport de l’énergie.
« Le potentiel pharmaceutique des plantes du désert reste à exploiter », précise aussi le rapport.
Le Nipa, une herbe récoltée au Mexique, "pourrait apporter une contribution importante à la sécurité alimentaire et devenir ainsi le plus grand cadeau offert par le désert au reste du monde", indique le PNUE. D’autres plantes peuvent aider à lutter contre le cancer et le paludisme.
Pour en savoir plus :
Le site de l’ONU consacré au problème avec notamment une carte mondiale
La présentation du problème sur le site de l’UNEP
Le comité scientifique français de la désertification
Un article du Monde Diplomatique "Les ONG toujours en retard d’une catastrophe"