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L’Inde est connu, particulièrement dans le monde anglophone, pour ses centres d’appel délocalisés. BBC News du 22/04/06 s’est intéressé aux « malades délocalisés ».
« D’ici 2010, on estime qu’il y aura, en Inde, deux millions de malades participant à des tests cliniques, » explique l’article. « Une industrie a émergé qui s’est spécialisée dans le recrutement de patients et la conduite des expériences. »
Un reporter de la BBC, Paul Kenyon, a mené une enquête sur ce sujet. Son reportage, intitulé « le côté obscur des expérimentations médicamenteuses » (Drug Trials : The Dark Side) sera diffusé le 27 avril.
Il y a six ans, un médicament expérimental venant des Etats-Unis appelé le M4N, qui n’avait pas été convenablement testé sur les animaux au préalable, a été injecté à des malades du cancer. Il s’est avéré plus tard que plusieurs des patients ne savaient pas qu’ils participaient à cette expérimentation.
Pour faire le point sur les pratiques actuelles, Paul Kenyon s’est particulièrement attaché à suivre l’expérimentation d’un psychotrope de la firme Johnson and Johnson, deuxième laboratoire du monde, menée dans le service psychiatrique d’un hôpital de Gujurat.
Cette expérimentation est controversée. Certains médecins estiment en effet que le fait d’interrompre, à fin de test, le traitement ordinaire de certains des malades, exposent ceux-ci à souffrir plus longtemps de leur maladie.
Le témoignage de Parshottam Parmar, recueilli par le journaliste, pose en outre la question de la participation des malades. « On m’a juste dit que les médicaments étaient américains, » explique-t-il. « Je ne savais pas que des expériences étaient menées sur moi. On m’a dit que les anciens médicaments avaient été arrêtés et n’étaient plus disponibles en pharmacies. »
Intérrogés à ce sujet, le docteur Vivek Kusumaker, porte-parole de Johnson and Johnson, a déclaré à la BBC avoir contrôlé cette expérimentation et vérifié que le consentement de chaque malade avait été recueilli. Il a insisté sur le fait que la firme n’hésiterait pas à fermer un site d’expérience s’il se révèlait ne pas correspondre au « très haut code d’éthique auquel nous croyons. »
Mais le problème c’est bien que, comme beaucoup, Parshottam Parmar, pauvre et peu éduqué, a signé, en confiance, le papier que ses médecins lui tendaient. Prétendre qu’on détient là la preuve du « consentement éclairé » normalement requis est probablement bien naïf ... ou bien malhonnête.