Changement climatique, bois et carbone

jeudi 6 avril 2006.par Alain Richard
 
La FAO publie un dossier précisant les rapports - complexes - qui lient les forêts, puits ou émetteur de carbone, et les changements climatiques.

Le dioxyde de carbone est un gaz à effet de serre, principal responsable des changements climatiques. Les forêts piègent et stockent le dioxyde de carbone (que la photosynthèse transforme en carbone), jouant ainsi le rôle de "puits (ou de piège) de carbone". Mais inversement, lorsqu’elles sont détruites ou surexploitées et incendiées, les forêts peuvent devenir des sources de ce même dioxyde de carbone.

L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) estime que les forêts pourraient être mieux utilisées dans la lutte contre le changement climatique : en empêchant l’abattage, en privilégiant des programmes de boisement (nouvelles plantations) et de reboisement (replantation des zones déboisées), et, également, en utilisant plus le bois d’œuvre et de combustibles ligneux (en remplacement du pétrole).

Paradoxe apparent : préserver la forêt et pourtant l’exploiter davantage. Ce que préconise en fait l’organisation des Nations Unies, c’est une meilleure gestion de la ressource.

Les forêts et les sols forestiers mondiaux stockent plus de mille milliards de tonnes de carbone, soit deux fois plus que le volume présent dans l’atmosphère. Aussi, la destruction des forêts injecte près de six milliards de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère chaque année.

Par ailleurs, le remplacement des combustibles fossiles par des biocarburants - comme les combustibles ligneux de forêts gérées rationnellement - permettrait de réduire les émissions de carbone.

En effet, le bois récolté constitue également un puits de carbone puisque, lorsqu’il est utilisé dans l’industrie du bâtiment ou en ameublement, il stocke le carbone efficacement des siècles durant. Remplacer la fabrication des matériaux de construction comme le plastique, l’aluminium ou le ciment (qui nécessite des quantités importantes d’énergie tirée le plus souvent de combustibles fossiles) par du bois constituerait, pour la FAO, un avantage certain en termes de réduction des émissions de carbone.

Ainsi, si elles sont bien gérées, les forêts peuvent fournir une énergie biologique quasiment sans apport de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. La FAO et d’autres experts ont estimé que la rétention mondiale de carbone dérivant d’une baisse de la déforestation, du reboisement et de l’expansion de l’agroforesterie pourrait compenser environ 15 pour cent des émissions de carbone des combustibles fossiles au cours des 50 prochaines années.

Mais ça n’est pas tout : la forêt qui, on vient de le voir, peut influer sur l’émission de gaz à effet de serre, subit elle-même les changements climatiques ! Et on ne sait plus très bien qui est le premier de l’œuf ou de la poule.

Ainsi, la hausse des températures risque de modifier la répartition des forêts, celles-ci se déplaçant vers de plus hautes latitudes et de plus hautes altitudes, ce qui pourrait fragiliser de nombreuses essences et, à terme, conduire à leur extinction. De même, des phénomènes climatiques extrêmes (ouragans, mais également inondations qui peuvent modifier les écoulements d’eau dont dépendent les arbres) représentent un réel danger pour les forêts ; enfin, le réchauffement à proprement parler peut favoriser les infestations d’insectes et les feux de forêt.

Par quelque bout qu’on prenne le problème, on voit qu’il y a urgence à le traiter dans sa globalité.

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