OGM, ici et ailleurs

mercredi 5 avril 2006.par Philippe Ladame
 
A l’approche de la journée internationale contre les OGM, la manière dont les citoyens peuvent, ou non, s’emparer de la question reste d’actualité.

Alors que s’achèvent au Sénat les premières discussions sur le projet de loi visant à réglementer en France les mises en culture d’organismes génétiquement modifiés (OGM), Agir pour l’Environnement, Les Amis de la Terre, ATTAC, Les Amis de la Confédération Paysanne, La Confédération Paysanne, la Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB), France Nature Environnement (FNE), Greenpeace France et Nature et Progrès appellent à la mobilisation en France pour la Journée internationale d’opposition aux OGM (JIGMOD) qui aura lieu le samedi 8 avril.

« Ce rendez-vous collectif enverra un signal fort en direction de ceux qui veulent imposer les OGM contre la volonté générale, déclare Dominique Béroule, membre de l’équipe de coordination française. Pour nous, la coexistence entre cultures OGM et les autres systèmes agricoles est impossible. Nous sommes soucieux de notre qualité de vie, et nous voulons éviter que nos champs et nos assiettes soient contaminés par les plantes transgéniques. »

Dans certains pays, le débat citoyen est ouvert, sur la question. Ainsi, en Nouvelle-Zélande, le conseil de la région Whangarei a-t-il décidé le mois dernier d’adopter pour lui-même et d’encourager le gouvernement à adopter le principe de précaution en matière d’OGM. Il a en outre pris la décision d’organiser, en lien avec d’autres conseils régionaux, une consultation populaire sur le sujet.

Le moins qu’on puisse dire est qu’en France ce n’est pas l’approche adoptée. Le site d’actualités bretonnes Breizhoo indique, par exemple, que le tribunal administratif de Rennes vient d’annuler six arrêtés anti-OGM pris par des municipalités bretonnes.

Agissant par principe de précaution face aux incertitudes scientifiques, les maires de Saint-Nolff, Saint-Dolay, Kergloff, Carhaix-Plouguer, Torcé et Etrelles avaient choisi d’interdire la culture de plantes génétiquement modifiées soit à proximité des autres exploitations, soit sur toute la commune.

Les préfets du Morbihan, du Finistère et de l’Ille-et-Vilaine avaient contesté le droit des maires à édicter de tels arrêtés, estimant que la politique OGM relève de la seule compétence de l’Etat. Le tribunal administratif leur a donné raison.

Visiblement, la volonté d’élus locaux, pas plus que les sondages [1] ne semblent suffire à convaincre le gouvernement d’entendre la voix de ceux qui redoutent le pouvoir de nuisance des OGM, et d’abord le risque que leur utilisation massive ferait courir aux agricultures paysannes, tant ici (agriculture bio, notamment) qu’ailleurs (dépendance accrue pour les petits paysans et pertes de ressources vivrières).

Ceux-ci sauront-ils se faire entendre, le 8 avril, lors de la Journée Internationale anti-OGM ?

[1] le sondage le plus récent indique que quelque 78% des français souhaiteraient une interdiction, au moins temporaire des OGM (source).

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