![]() |
La Direction des études du ministère de l’Emploi (DARES) publie actuellement (mars 2006) plusieurs études sur la situation de l’emploi, toutes accessibles sur internet.
On y trouve notamment :
Le marché du travail en janvier 2006, où l’on a tous les chiffres du mois (enfin, ceux de l’ANPE) et où l’on voit que, globalement, tout va très bien puisque la variation des demandeurs d’emploi de catégorie 1 est de -5,7% sur un an, bien que sur le seul mois de janvier ça soit moins bien avec +0,7%. Blablabla ... mais quand même pas mal de chiffres pour qui veut s’y plonger.
La rémunération des salariés des entreprises en 2004, où l’on apprend notamment que « la forte revalorisation du SMIC a soutenu la hausse de la rémunération des ouvriers et des employés ». On pourrait penser que ça veut dire : par effet de cascade, la hausse du Smic a généré une hausse des salaires qui lui sont supérieurs. Et bien non car...
... Les bénéficiaires de la revalorisation du SMIC et des garanties mensuelles de rémunération au 1er juillet 2005, nous apprend que le nombre de personnes salariées au SMIC a fortement augmenté, la Dares parlant de « record historique ».
D’un côté, le chômage ne recule pas, de l’autre on tire les salaires vers le Smic.
Bon, reste que l’on trouve beaucoup de données chiffrées dans ces publications de la DARES ; cela mérite d’aller y jeter un œil, même si c’est un peu fastidieux.
Revenons sur la dernière d’entre elles concernant le Smic :
Il y a en France 3 580 000 salarié(e)s au Smic, dont 2 540 000 en entreprises (hors intérimaires : 100 000, salariés agricoles : 120 000, employés domestiques : 300 000) et 520 000 pour l’Etat, le secteur hospitalier public et les collectivités locales.
Pour le seul secteur privé (hors intérim, hors emplois agricoles et domestiques), les emplois au Smic représentent 16, 8% en 2005, contre 15,6% en 2004 et 14% en 2002.
40% des salarié(e)s au Smic le sont à temps partiel.
Plus la taille de l’entreprise est petite, plus la proportion de personnes rémunérées au Smic est importante. Ainsi, par exemple, les smicards représentent 34% des entreprises de moins de 10 salariés, 16,5% de celles de 50 à 99 salariés, et seulement 6,3% des entreprises de plus de 500 salariés.
Etc ...
Serait-ce pousser le bouchon un peu loin que, par association d’idées, parler maintenant des enchères inversées sur les salaires ? L’idée consiste à proposer, via internet, à ce que des candidats à un poste enchérissent, ... à la baisse, sur leur futur salaire.
Cette pratique douteuse (odieuse), s’inspirant d’une initiative allemande, était apparue en France début novembre 2005 sur le site jobdealer.net. La députée UMP Nathalie Kosciusko-Morizet a voulu empêcher la prolifération de tels sites.
Initialement, en janvier 2006, elle a déposé une proposition de loi visant à interdire purement et simplement les enchères inversées sur les salaires, ne devant comporter qu’un seul article « La conclusion d’un contrat de travail à l’issue d’enchères inversées portant sur le montant du salaire est interdite. »
Finalement (voir un communiqué de l’Express.fr sur le sujet), la proposition de loi n’a pas été discutée en l’état, mais a fait l’objet d’un amendement à la loi sur l’égalité des chances voté le 10 février, qui prévoit seulement que « l’employeur ne peut se prévaloir des stipulations d’un contrat de travail conclu à l’issue d’enchères inversées portant sur le montant du salaire ».
C’est toujours mieux que rien ...
Bonne ou mauvaise nouvelle ? Ça tiendra combien de temps face aux pressions visant à tout lisser vers le bas ? Les employeurs souhaiteront-ils longtemps "se prévaloir d’un contrat de travail" ?