"Sans distinction de race ou d’origine ethnique"

dimanche 3 octobre 2004.par Philippe Ladame
 
Différences et discriminations. Chacun à leur manière l’Assemblée Nationale, les Verts, et les scientifiques américains abordent le sujet ces jours-ci.

Quand les députés vont reprendre leurs travaux, le 5 octobre, ils commenceront par l’étude d’un projet de loi créant une "Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité". Le TITRE II du projet de loi concerne la "Mise en œuvre du principe de l’égalité de traitement entre les personnes sans distinction de race ou d’origine ethnique". Son article 17 établit que « En matière de protection sociale, de santé, d’avantages sociaux, d’éducation, d’accès aux biens et services, de fournitures de biens et services, d’accès à l’emploi ou d’emploi et de travail indépendants ou non salariés, chacun a droit à un traitement égal, quelles que soient son origine nationale, son appartenance ou sa non appartenance vraie ou supposée à une ethnie ou une race. »

Cette haute autorité, dont les dix membres seront nommés pour 5 ans par les "plus hautes" instances de l’Etat, pourra être saisie ou se saisir de cas de discrimination, tenter de remédier et fournir un rapport annuel, qui sera rendu public.

Jugé nettement insuffisant par le "Collectif pour une autorité indépendante universelle de lutte contre les dicriminations" qui dénonce une mesure "a minima", ce projet de loi témoigne néanmoins de l’évidence : non seulement notre société n’est pas égalitaire, mais en plus la question est fortement posée de savoir si les discriminations ne sont pas souvent ethniques ou raciales.

D’une certaine manière, c’est cette même question qui est posée, ces jours-ci, au sein des Verts. Des militants ont rédigé une motion qu’ils souhaitent faire adopter lors de l’Assemblée Générale qui doit se tenir à Reims en décembre. Le texte s’intitule "pour une représentation mixte et multiethnique, juste et équilibrée" et fixe notamment au mouvement de « s’assurer et veiller à une présence significative de FrançaisEs issuEs des pays du Sud en position éligible. Cette décision vaudra pour toutes les élections à venir (municipales, cantonales, régionales, législatives, sénatoriales, européennes) ».

Mais la motion fait débat. Si tous reconnaissent que l’organisation de la société et le fonctionnement même des Verts favorisent la mise au premier plan plutôt d’hommes / blancs / lettrés / casés et âgés, beaucoup pensent que l’égalité ne se décrète pas et doutent fort de la légitimité et, de la possibilité même, de classer les Verts en blancs et noirs, fut-ce pour permettre une représentation mixte.

De l’autre côté de l’Atlantique, se déroule un débat qui n’est pas sans rapport. Dans un article récent, Courrier International s’attarde sur le fait que vient d’être breveté, aux Etats-Unis, le BiDil, premier médicament destiné aux Noirs, une population qui, selon le magazine Science, présente dix fois plus de risque d’insuffisance hépatique que les Blancs, trois fois plus d’hypertrophie cardiaque, et deux fois plus de diabète.
C’est l’occasion pour certains de tenter de redonner une légitimité au discours sur "les races". Ce qui, en retour, provoque la réaction de ceux qui ont bien présent à l’esprit que le sequençage du génome humain démontre qu’il n’y a pas plusieurs races humaines, mais une seule.

Une seule race humaine, certes, mais aussi des différences génétiques suivant les régions du monde et, surtout, des différences individuelles en fonction du parcours personnel de chacun. Alors comment prendre tout cela en compte pour que, dans l’entreprise, en politique, médicalement, socialement, tous soient traités "également", sans nier la réalité des différences mais sans en pré-juger non plus, au risque de les figer ?

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