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Selon un sondage effectué pour Libération, 61% des français estiment que manifester contre le projet gouvernemental de Contrat Première Embauche est « justifié ».
Le nombre qui descendra dans la rue influera probablement significativement sur le devenir du projet. Il aura aussi un impact sur la question des candidatures présidentielles à droite. En effet, si Dominique de Villepin avait jusqu’à présent fait presque jeu égal avec Nicolas Sarkozy, il semble, d’après le sondage que publie Libération, qu’il subisse une perte de popularité, liée au sentiment majoritaire (52%) que le CPE n’est « pas une bonne chose ».
Aussi, dans un ultime effort de communication, le premier ministre s’est-il employé, ces derniers jours, à justifier son projet, lors d’un video-chat jeudi soir ou encore, plus traditionnellement, lors du Grand Rendez-vous Europe-1/ TV5Monde/ Le Parisien-Aujourd’hui en France.
Mais pour défendre le contenu de ce projet (voir notre article) le premier ministre ne peut faire guère mieux que de mettre toute sa conviction à affirmer le contraire de l’évidence.
Rappelons que ce projet, appliqué aux moins de 26 ans, donnerait la possibilité aux entreprises d’interrompre le contrat sans formalité (jusqu’à 24 mois) et de bénéficier d’exonérations pour l’embauche, sous ce statut, d’un jeune en recherche d’emploi depuis plus de 6 mois.
Quelle entreprise va conserver un jeune salarié au-delà des 24 mois, quand elle peut, en le jetant et en embauchant un autre, repartir pour deux ans avec ce nouveau sans charges et sans engagement ?
Il faut être adepte de la méthode Coué, pour définir alors ce dispositif comme un « contrat anti-précarité ». Mais le premier ministre, qui aime le paradoxe littéraire, n’hésite pas : « Il n’y a jamais eu une proposition faite aux jeunes qui soit aussi avantageuse et protectrice. C’est le projet le plus social pour les jeunes qui ait jamais été proposé. »
Il n’est pas certain que le poète premier ministre saura convaincre du bien-fondé de son nouvel oxymore ventant le caractère protecteur de la précarité. En tout cas, les prises de position pour appeler au rejet du projet se multiplient, non seulement au niveau national où il se pose, mais aussi localement.
Citons, par exemple, pour rester dans le domaine poétique, les Verts de l’Aube, à qui nous avons emprunté le logo d’article, pour lesquels le CPE est « un cache-misère de plus » et qui « ré-affirment la nécessité de sortir d’une logique de croissance insoutenable au profit d’une logique de partage du travail et de redistribution des richesses. »