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Partis et organisations risquent de ne pas sortir grandis de la mobilisation sur la question de la colonisation.
Nous avons expliqué dans un article précédent la genése de la loi du 23 février 2005 « portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés » qui institue diverses dispositions financières en faveur des Français rapatriés.
Il faut d’abord préciser que, comme cela semble arriver souvent, la discussion et le vote de cette loi se sont faits devant un hémicycle désert. Il n’est pas facile de trouver le renseignement (ce qui est déjà un problème en soi), aussi nous en tiendrons-nous au chiffre de moins d’une cinquantaine de députés (la Ligue des Droits de l’Homme de Toulon mentionne une quarantaine de votants le 11 juin 2004 pour le vote en première lecture, il semble qu’il n’y en ait pas eu plus pour le vote de deuxième lecture).
Une fois le texte voté, avec son article 4 qui mentionne que « Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit. », il faudra attendre plus de six mois pour que des responsables politiques s’en alarment.
Après l’atonie, la course à la récupération :
le 18 janvier, un collectif appelle à manifester le 25 février contre la loi
la veille, Victorin Lurel, Secrétaire national à l’outre-mer, s’était empressé d’appeler, au nom du Parti Socialiste, à la mobilisation unitaire
une dépêche AFP du 18 janvier annonce que « SOS Racisme demande de son côté, dans un communiqué contresigné par une cinquantaine d’organisations, comme le Collectif Devoirs de Mémoires, la LCR et la LDH, l’abrogation pure et simple de l’article 4 » de la loi du 23 février 2005.
le lendemain, La LDH dément formellement avoir « contresigné » ou donné son accord au moindre communiqué que SOS Racisme aurait publié sur ce sujet.
les uns demandent l’abrogation de l’article 4, les autres « rejettent la réécriture du texte et exigent l’abrogation pure et simple de cette loi de la honte. » (source).
quand des harkis lancent un appel pour l’abrogation de deux articles, l’Humanité titre qu’ils « s’élèvent contre la loi » (source).
Ainsi, près de deux ans après le début de l’étude de ce projet de loi, les partis et organisations de gauche sont incapables de produire une analyse précise des différents points du texte, oscillant entre s’accrocher à une unique petite phrase et rejeter tout le dispositif, deux marques de paresse intellectuelle alors qu’il y aurait sûrement eu matière à réflexion et à proposition (concernant l’article 13, par exemple).
Dans ce désert de la réflexion, le "collectif" d’organisations n’a pas su produire un langage lisible (pas même quelques pages Web pour exprimer le dénominateur commun, apparemment). Ce qui laisse libre cours aux pratiques politiciennes habituelles consistant à jouer des coudes pour être sur le devant de la photo et à parler fort pour masquer le vide de la pensée.
Bien triste, tout ça.