OMC : difficile bilan

lundi 19 décembre 2005.par Philippe Ladame
 
Il n’est pas grand monde pour crier victoire à l’issue de la rencontre de Hong Kong.

L’accord « n’est pas suffisant pour faire de cette réunion un vrai succès, mais il l’est pour éviter un échec. » C’est en ces termes que M. Mandelson, négociateur pour l’Union Européenne a commenté l’accord pourtant unanime des 149 pays membres de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) (source).

Visiblement les problèmes restent entiers et les choix restent à faire, mais personne n’a voulu prendre le risque d’un échec ouvert qui, après ceux de Cancun en 2003 et de Seattle en 1999, aurait signé la faillite définitive de l’OMC.

En effet, comme l’estime Jean-Marie Paugam, chercheur à l’Institut français des relations internationales, « il vaut mieux un système où tous les pays ont un droit qu’un système discriminatoire fondé sur les seuls rapports de force », opposant ainsi les efforts d’accord global de l’OMC aux négociations d’accords bilatéraux et régionaux, les preferential trade agreements (PTA) (source).

Mais cet accord global semble bien difficile a atteindre par un organisme qui fait de la déréglementation son seul credo. Ainsi les pays signataires s’accordent pour mettre fin aux subventions aux exportations ... mais seulement dans huit ans. Et, pour remédier aux distorsions de concurrence dans le commerce du coton, les pays d’Afrique ont obtenu, à compter de 2006, des aides ... à son exportation.

Certains regrettent, comme José Bové, la « régression » que constitue cet accord « qui confirme la prédominance des pays riches sur les pays pauvres. » L’ancien porte-parole de la Confédération paysanne qui a rejoint les rangs de Via Campesina, alliance internationale de syndicats paysans, s’élève contre la confusion entretenue entre aides aux paysans et aides aux exportations. Il dénonce un compromis qui « favorise toujours la politique agroexportatrice, à la fois des pays riches et des grands pays émergents comme le Brésil ou l’Argentine » qui « ne servira en tout cas pas la majorité des paysans. » (source).

Les euro-députés Verts, quant à eux, ont regretté dans un communiqué du 18/12/05 que la réunion de Hong Kong ait « donné la priorité à l’ouverture des marchés au lieu de se concentrer sur le développement. » Marie-Hélène Aubert a notamment déclaré : « L’ouverture des marchés, sans aucune considération pour les normes sociales et environnementales, ni pour les situations pacifiques, ne nourrit pas les peuples et peut au contraire les appauvrir d’avantage. »

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