Pesticides : état des lieux

vendredi 16 décembre 2005.par Philippe Ladame
 
L’agriculture française dépend encore massivement de l’utilisation de pesticides.

Le Monde évoque le colloque tenu le 15/12/05 à Paris sur le thème de l’impact des pesticides et des possibilités de réduction de leur emploi en France, troisième consommateur mondial de pesticides (100 tonnes vendues en 2004), premier utilisateur en Europe (en tonnage global) et au quatrième rang pour l’usage par hectare cultivé (5 kg/an).

Dans le cadre de la préparation de ce colloque, l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et l’Institut de recherche pour l’ingénierie de l’agriculture et de l’environnement (Cemagref) ont préparé un rapport d’expertise d’où il ressort que
- la contamination des millieux est "avérée" : l’Institut français de l’environnement (IFEN) a déjà constaté qu’elle était quasi généralisée pour les eaux souterraines et de surface. L’air et les sols sont eux aussi touchés, mais on manque de moyens de collecte des données et leur interprétation est délicate.
- l’efficacité des produits phytosanitaires est élevée mais rarement durable : les ravageurs développant assez rapidement des résistances.
- l’utilisation "raisonnée" des produits phytosanitaires, prônée par les instituts techniques et les syndicats agricoles majoritaires, n’offre, selon l’évaluation des experts, qu’un intérêt limité
- la diminution (de 24 %) des quantités vendues depuis 2001 ne traduit pas une modification de fond des pratiques des agriculteurs (qui ont tendance à employer des substances toujours plus actives).
- le maintien de systèmes intensifs s’auto-entretient, notamment par l’action des « agents commerciaux des coopératives qui vendent les pesticides et sont intéressés à la fois à vendre davantage d’intrans et à collecter un volume de récolte maximal. »

Les experts signalent que la production biologique (sans pesticide) et la production intégrée (fondée sur la rotation des cultures et la biodiversité variétale) n’occupent respectivement que 1.2% et 0.4% de la surface agricole utile. Ils invitent les responsable à s’inspirer de l’exemple danois qui, depuis 20 ans, combine la forte taxation des pesticides (jusqu’à 54% en 1999), une importante activité de conseil (via un réseau dense de conseillers issus du milieu) et une planification (qui prévoit, par exemple, une augmentation de 25.000 hectares libres de pesticides le long de cours d’eau et de lacs).

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