Econome, la mise aux normes

mercredi 12 octobre 2005.par Dominique Ramard
 
Avant le 31 décembre prochain, tous les éleveurs doivent avoir déposé leur dossier de mise aux normes pour pouvoir bénéficier des subventions pour la réalisation des études et travaux et éviter ensuite des pénalisations sur les aides PAC.

Début juillet, seules 3 339 exploitations bretonnes (sur les 19 500 qui en ont émis l’intention en 2002) avaient déposé leur dossier PMPOA [1].

A la suite du comité régional PMPOA, Le président de la Région Bretagne, Jean-Yves Le Drian et la Préfète de Région ont tiré la sonnette d’alarme : « Les demandes sont à déposer d’urgence ! » Il est à craindre qu’à la fin de l’année l’ensemble des dossiers ne sera pas réalisé malgré l’augmentation des moyens humains [2]. La profession a demandé un délai supplémentaire à l’administration. Reste à voir si elle l’obtiendra.

Plus grave : des enquêtes réalisées auprès des agriculteurs ont montré qu’une bonne part ne souhaite pas s’engager. Pour ceux qui ont plus de 55 ans, cela augure de difficultés à transmettre leur exploitation (autant dire que leurs terres iront à l’agrandissement...). Pour les autres, c’est la survie de leur ferme qui est en jeu, car sans mise aux normes, ils s’exposent à des pénalités sur les aides qu’ils reçoivent. Réservé aux exploitations les plus grosses, le premier PMPOA a surtout financé la construction de fosses et de fumières bétonnées. Les grosses coopératives qui cumulaient conseil agricole et service bâtiment ont su en tirer profit, les cimentiers aussi. Il est vrai que stocker les effluents en fosse ou en fumière est la solution la plus simple à mettre en œuvre. C’est également la solution la moins économique. Avant de s’engager dans des investissements qu’ils s’imaginent forcément importants et à l’origine d’un endettement supplémentaire, les éleveurs y réfléchissent à deux fois. Mais la mise aux normes signifie-t-elle forcément engagement financier insurmontable ?

« Éleveur dans l’âme, pas transporteur de lisier ! »

Philippe Hautbois, éleveur laitier (bio) à Bain-de-Bretagne (35) a mis en place un bassin tampon de sédimentation pour récupérer les effluents peu chargés issus de son élevage.

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Bassin tampon
Philippe Hautbois présente le bassin tampon qu’il a installé sur sa ferme.

L’épandage se fait grâce à un tuyau percé, qu’il doit déplacer seulement une fois par semaine sur les terres situées à proximité du dispositif. La construction du dispositif a coûté 23 000 € (bassin, fumière, pompe et raccordements), aidé à 56%. Cela reste important mais c’est beaucoup moins que dans le cas de la construction d’une fosse et le coût de fonctionnement est plus faible. Par exemple, le coût d’épandage est limité, notamment sur le plan énergétique. Autre avantage mis en avant par Philippe Hautbois : la surface de l’exploitation n’est pas gaspillée pour le stockage d’effluents.

Pour faire connaître ce type de mise aux normes plus économe, la Région a voté récemment une subvention à la FRCIVAM [3] afin de soutenir un « programme d’information des producteurs pour la réalisation d’une mise aux normes économes ». Sur le plan environnemental, une mise aux normes économe peut aussi aboutir à une remise en cause des modes de production. Espérons-le si l’on veut maintenir une agriculture nombreuse en Bretagne.

[1] PMPOA : Programme de maîtrise des pollutions d’origine agricole ; il finance entre autres les mises aux normes des élevages, c’est-à-dire la mise à jour vis-à-vis des réglementations Installations Classées et Directive Nitrates.

[2] La Région a décidé de financer la formation de 100 techniciens supplémentaires pour un coût de 200 000 €.

[3] Fédération régionale des Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural.

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