Bonnes pêches ?

mardi 11 octobre 2005.par Philippe Ladame
 
Où l’on voit qu’une "bonne pêche" peut poser bien des problèmes.

Ouest-France du 11/10/05 l’explique dans son édition de Lorient : la pêche au thon a été trop bonne cet été (le germon, thon blanc, vient tous les ans faire un aller-retour au large de nos côtes avant de repartir pour des mers plus chaudes).

« Dimanche, on a débarqué 40 tonnes de thon. Et puis voilà. Les frigos sont pleins. » expliquent les pêcheurs. « C’est même pas la peine qu’on sorte. On va perdre de l’argent. »

Que s’est-il passé ? Comme l’explique le journal, les thons étaient abondants cette année. En outre, les pêcheurs de la Turballe qui se concentrent habituellement sur l’anchois, ne pouvant pêcher ce poisson cette année (voir notre article), se sont mis au thon eux aussi.

Devant l’abondance, les organisations de producteurs sont intervenues, utilisant leurs fonds pour retirer des poissons de la vente afin de maintenir le niveau des prix. Aujourd’hui les frigos sont donc pleins (et les organisations de producteurs exsangues).

Pêcher suffisamment pour vivre et suffisamment peu pour pouvoir continuer à pêcher, l’équilibre est difficile. Et le problème du contrôle des ressources halieutiques reste d’une grande actualité.

Le Nouvel Observateur a ainsi récemment consacré un article au problème des filets maillants dérivants en Méditérranée. Immenses engins de pêche de 9 kilomètres de long sur 60 mètres de haut, utilisés pour pêcher le thon et l’espadon, ces filets ne font pas le détail. « On trouve un peu n’importe quoi dans les filets, » explique le journal. « Des thons certes, mais aussi des bébés dauphins, des tortues, des requins, des cachalots ou des globicéphales morts noyés, des oiseaux de mer... On a dénombré jusqu’à 74 espèces différentes dans un même filet, dont certaines sont des espèces en danger. »

Ces filets sont d’ailleurs en voie d’abandon dans les différents pays de l’Union Européenne. Mais l’Italie et la France font de la résistance. En France, pour contrer l’interdiction édictée par l’Union Européenne, le gouvernement a instauré en août 2003 un permis de pêche spécial pour une catégorie de filets baptisée « thonaille » ou « courantille volante ».

En réalité, les filets en question (attachés d’un côté au bateau de l’autre à une ancre flottante) sont bel et bien des filets maillants dérivants, et le tour de passe-passe ne va pas redorer l’image de la politique française de pêche : le Nouvel Observateur signale que La France vient d’être condamnée par la Cour de Justice européenne à « une amende sans précédent de 22 millions d’euros pour avoir dérogé depuis quinze ans aux règles communautaires qui interdisent de commercialiser du poisson trop petit. »

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