Images de femmes made in USA

vendredi 9 septembre 2005.par Philippe Ladame
 
La série américaine "Desperate Housewives" arrive en France le 15 septembre.

Le magazine Telerama consacre un long article à la série Desperate Housewives, de Marc Cherry, qui a connu un gros succès aux Etats-Unis.

Le journal décrit la genèse de cette série qui « derrière les façades impeccables, les sourires radieux et la félicité affichée, l’angoisse, la déception et la frustration qui emplissent l’existence de Susan, Lynette, Gabrielle et Bree, jolies quadras empêtrées dans l’enfer du bonheur domestique. »

Conçu primitivement comme fiction télé, puis refondu en série, Télérama raconte que Mark Cherry a eu l’idée du sujet après une remarque de sa maman, épouse et mère modèle, qui lui a fait réaliser, un jour, que les femmes au foyer ne menaient peut-être pas une vie si épanouie que ça, après tout.

L’auteur, en puisant à des sources d’inspiration variées [1], a créé un style propre, explique Télérama. « Lorsqu’elles mettent en scène un groupe de femmes, les séries présentent d’ordinaire des copines qui passent leur temps à se confier et à s’épauler en se racontant tout. Les femmes de Wisteria Lane oeuvrent, elles, dans la dissimulation, la préservation des apparences et tentent de régler seules leurs problèmes personnels. Et c’est cette réalité, propre à un certain esprit banlieue chic américaine, qui a constitué sans nul doute l’attrait de la série. D’autant plus qu’il n’est pas difficile pour les téléspectatrices de s’identifier, de s’attendrir ou de prendre en grippe les personnages créés par Cherry et remarquablement incarnés par leurs comédiennes respectives. »

Ce phénomène d’identification a d’ailleurs franchi l’atlantique. Un article du Scotsman (en anglais) s’inquiète de ce que les experts appellent le syndrome "Desperate Housewives".

Les hôpitaux écossais rapportent en effet un quadruplement, ces derniers mois, du nombre de femmes entre 30 et 50 ans en traitement pour anoréxie. Alors que la boulimie et l’anoxérie était traditionnellement associées à l’adolescence, l’image de femmes plus âgées demeurant très minces, renvoyée par nombre de modèles puis d’actrices, a provoqué des troubles de l’alimentation de plus en plus nombreux chez des femmes dans la trentaine, la quarantaine et même la cinquantaine, convaincues qu’elles pourraient avoir une vie heureuse et une sexualité épanouie ... à condition d’être minces comme Teri Hatcher et ses copines.

Comme l’a déclaré le Dr Chris Freeman, consultant en psychiatrie au royal Edinburgh Hospital, « de nombreuses femmes se mettent au régime et perdent du poids rapidement, mais elles ne sont pas assez obsessionnelles ou perfectionnistes pour continuer. Si elles découvrent qu’après avoir mangé elles peuvent se faire vomir et garder leur poids au plus bas, commencent alors les troubles de l’alimentation. »

le Dr Alex Yellowlees, médecin directeur du Priory Hospital à Glasgow en Ecosse, spécialisé dans le traitement des désordres alimentaires chez l’adulte, met cependant en garde contre les conclusions simplistes quant aux causes de ces désordres dont meurent 20% des femmes qui en souffrent.

« Les désordres alimentaires proviennent de plusieurs facteurs, et c’est la combinaison de divers ingrédients qui fait l’anorexie. Un de ces ingrédients est l’idéalisation moderne de la minceur, » explique-t-il, tout en reconnaissant que les femmes d’âge moyen représentent maintenant un cinquième de ses patientes, alors qu’elles étaient tout à fait rares il y a cinq ans.

[1] Télérama cite comme inspirations de Mark Cherry : Chaînes conjugales, de Mankiewicz (rivalité féminine), de Sunset Boulevard, de Billy Wilder (récit d’un défunt), d’Edward aux mains d’argent, de Tim Burton (beauté irréelle du décor), d’American Beauty, de Sam Mendes (existence en banlieue pavillonnaire), ainsi que des séries Sex and the city et Six Feet under.

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