Niger : Une crise moderne et politique

jeudi 8 septembre 2005.par Philippe Ladame
 
Le Niger connaît des crises cycliques aux pics de plus en plus élevés, qui imposent une action durable.

"Action contre la Faim" est présente au Niger depuis 1996 où intervient une équipe de 36 volontaires expatriés et près de 200 employés nigériens.

A l’occasion du retour du Niger d’Olivier Longué, directeur de sa branche espagnole, l’organisation a tenu une conférence de presse le 7/09/05 au cours de laquelle elle est revenue sur les causes profondes de la crise qu’a connu le pays cette année.

« La récolte 2004 n’était inférieure que de 11% à l’année précédente, et meilleure que celle de 2001 -l’une des plus mauvaises récoltes des années passées- qui n’avait pour autant pas conduit à une telle crise. A cette mauvaise récolte se sont ajoutés des mécanismes économiques nigériens et régionaux : nombre des pays de la région touchés dans une moindre mesure par la crise -comme le Ghana et le Nigéria par exemple- n’ont pas respecté les accords de libre échange qui les liaient au Niger, ont fermé leurs frontières et réduit leurs exportations de céréales, favorisant ainsi la hausse des prix. Ceci ajouté à une spéculation massive à la hausse à l’intérieur du pays, les prix ont rapidement augmenté de 80% » a précisé Olivier Longué. « Il s’agit là d’une crise moderne. Au Niger comme ailleurs, la faim est politique. La nourriture est bel et bien présente sur les étals, ce n’est pas un problème de disponibilité mais d’accessibilité et de marché. » a-t-il conclu.

Les responsables d’Action contre la Faim ont donc insisté sur l’importance qu’il y avait, au-delà du secours humanitaire d’urgence, à « accompagner durablement les populations » d’abord en les aidant à reconstituer leur cheptel, leur capital, puis à perfectionner et affiner le système d’alerte précoce, à mettre en place des programmes d’éducation nutritionnel et à améliorer l’agriculture locale.

« L’Etat nigérien, les bailleurs de fonds et les organisations vont devoir dans les mois à venir être plus présents que jamais si l’on ne veut pas connaître un nouveau désastre en 2006, » a affirmé Action contre la Faim.

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