![]() |
Le site Afrik.com, dans deux articles présente le film du réalisateur autrichien Hubert Sauper tourné en Tanzanie sur les rives du lac Victoria.
« Le cauchemar de Darwin est un véritable coup de force lorsque l’on songe aux conditions périlleuses dans lesquelles le projet cinématographique de Sauper (son plus long métrage jusqu’à présent) a été réalisé. Un film tourné dans une inconfortable clandestinité, nourri de patience et payé en pots de vins, puisque le documentariste et son compagnon de route ont dû cacher leur activité devant les autorités. » Un film qui, pour reprendre les termes d’Afrik.com, « montre les blessures où notre époque saigne ».
Le lac Victoria est au centre de plusieurs grands pays d’Afrique Centrale et de l’Est, une région où, depuis le génocide rwandais, les conflits abondent.
Le film y montre la noria des avions cargos, souvent russes, très légalement affrêtés par des compagnies européennes, qui déchargent jour après jour les caisses de munitions et d’armes, en alternance avec... les caisses d’aide humanitaire.
Ils ne repartent pas à vide, mais chargés des filets de perches du Nil.
Ce poisson, introduit dans les années 60 dans le lac Victoria, redoutable carnivore, à la chair blanche et sans arrête, s’acclimata tellement bien aux eaux chaudes du lac qu’il s’y multiplia, décimant les autres espèces de poissons.
Désormais les poissons du lac Victoria ne finissent plus sur les étals locaux. Seule subsiste la perche du Nil et ses blancs filets s’en vont casser les prix dans les supermarchés d’Europe.
Autour de ce double commerce, Hubert Sauper montre la désagrégation du tissu social traditionnel, le développement des villes champignons au bord du lac, autour de l’aéroport, l’essor de la prostitution, la propagation instantanée du sida ...
Afrik.com conclut : « Cauchemar d’une mondialisation ignorante des hommes et aveugle à ses effets sur leurs conditions de vie. Cauchemar d’une Afrique assassinée par des guerres favorisées par des marchands d’armes sans scrupules, par des maladies que personne ne combat vraiment, et que l’ignorance propage. Cauchemar d’une Afrique pillée, au point même de mettre en danger ses richesses naturelles renouvelables... Comme le montre l’exemple du lac Victoria ! »