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Selon Le Nouvel Obs du 31/08/07, « Martin Hirsch, le Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, s’indigne de ce que le taux de pauvreté augmente "dans l’indifférence" de tous en France. »
En 1970, le taux de pauvreté (fixé à 60 % du revenu médian) était de 17,9%, mais il n’avait, depuis, cessé de baisser au cours des 35 dernières années, si l’on excepte un brusque coup de fièvre en 2000 (12,7%).
Il ressort des analyses récentes de l’INSEE que le pourcentage de Français vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté en 2005 pour atteindre 12,1%. (Il était l’année précédente de 11,7 %.)
C’est donc fort à propos que Alternatives Economiques a mis à son sommaire de septembre 2007, un passionnant débat entre Jean Gadrey, professeur émérite d’économie à l’université de Lille I et Denis Clerc, fondateur d’Alternatives Economiques, ancien rapporteur au Cerc.
Pour ce dernier, le RSA (revenu de solidarité active) n’est pas inutile même si sa portée est limitée. « A mes yeux, » explique-t-il, « le RSA n’est qu’une façon de limiter les dégâts sociaux engendrés par d’insuffisantes créations d’emplois ; il ne devrait donc être qu’une transition pour permettre à chacun d’acquérir une expérience professionnelle et sortir ainsi de l’exclusion ou du cycle infernal des petits boulots. »
Jean Gadrey a la dent plus dure : « Il faut tout de même comprendre comment nous sommes passés de 6 à 8 milliards d’euros, coût du RSA selon le rapport Hirsch de 2005, aux 25 millions d’euros, prévus dans la loi « Travail, emploi et pouvoir d’achat » adoptée par le Parlement en juillet dernier. D’abord, le champ d’application a été réduit comme une peau de chagrin par trois sélections. Sélection géographique : quelques bassins d’emploi dans des départements volontaires. Sélection parmi les salariés pauvres : seulement les titulaires de minima sociaux reprenant un emploi, le plus souvent un bout d’emploi. Sélection parmi ces derniers : seulement les allocataires du RMI et de l’API, en excluant les allocataires de l’allocation de solidarité spécifique (ASS), qui sont pourtant plus de 400 000, et ceux de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), qui sont 770 000. On parle de 90 000 allocataires ciblés chaque année par le dispositif (Le Monde du 25 juillet 2007), dont 15 % à 20 % seraient « remis en emploi ». On est donc très, très loin des deux millions de salariés pauvres potentiellement concernés par le RSA dont parlait le rapport de 2005 ! »
La réflexion des deux économistes sur les minima sociaux, l’emploi, la pauvreté mérite vraiment lecture.
Ajout du 02/09/07 : on peut lire aussi, en contrepoint, une interview de Martin Hirsch sur le site de RFI.