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« On se précipite vers les agro-carburants, sans comprendre les implications. Du point de vue du changement climatique, c’est une erreur d’utiliser des agro-carburants. »
Voilà la conclusion nette et sans bavure de Renton Righelato [1], qui, en compagnie de Dominick Spracklen de l’université de Leeds (Grande-Bretagne) vient de publier les résultats d’une étude sur les effets mondiaux d’une conversion vers les agro-carburants (Revue Science - accès payant).
Ils ont calculé que, pour l’Europe, l’objectif d’incorporation de 10% d’agro-carburants supposerait de consacrer 40% des terres agricoles à leur production.
Nul doute, estiment-ils, que le bébé sera repassé aux pays du tiers monde où s’accentuera la déforestation pour ce faire. « Le Brésil, le Paraguay, l’Indonésie, entre autres, ont des programmes de déforestation considérables en vue d’alimenter le marché mondial d’agro-carburants, » expliquent les auteurs.
Des forêts seront donc abattues pour faire place à des champs de maïs ou de cannes à sucre. « Quand vous faites cela, vous relâcher immédiatement entre 100 et 200 tonnes de CO² [par hectare], » explique Renton Righelato.
Bien sûr, ces plantes absorberont, à leur tour, du gaz carbonique. Les chercheurs ont donc voulu établir quand le bilan deviendrait positif. La réponse est : entre 50 et 100 ans. « Nous ne pouvons pas nous offrir cela, en termes de changement climatique, » estime Righelato.
Les chercheurs ont aussi comparé combien de carbone serait stocké en replantant des forêts et combien serait économisé en produisant des agro-carburants. Réponse entre deux et neuf fois plus pour la reforestation (sur une période de trente ans).
La conclusion des auteurs est sans ambiguité : laisser tomber les agro-carburants ; accroître l’efficacité des carburants fossiles ; développer résolument les alternatives sans carbone (énergies renouvelables).
[1] Renton Righelato est membre du World Land Trust, une organisation de conservation des écosystèmes.