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Parmi d’autres, le Figaro du 18/02/05 évoque le nouvel immense projet de Google.
« Il s’agit de digitaliser et de diffuser sur Internet les collections de la bibliothèque de New York et de quatre universités, trois américaines (universités du Michigan et de Stanford pour la quasi-intégralité de leurs fonds, respectivement de sept et huit millions d’ouvrages, université de Harvard pour 40 000 ouvrages dans un premier temps) et une britannique (Oxford, seulement pour les ouvrages publiés avant 1901). Il ne s’agit pas seulement de « photographier » les pages et d’en diffuser une image, mais bien de les digitaliser, en utilisant des outils de reconnaissance de caractères qui rendront les textes « actifs ». Autrement dit, l’outil de recherche Google permettra d’aller directement, en 2015, dans 4,5 milliards de pages imprimées lorsque l’utilisateur recherchera un mot ou un nom en particulier, de la même manière qu’avec des « pages » Internet. »
Pour avoir une idée concrète du projet il faut aller sur le site anglophone de Google et taper, par exemple, "George Washington". Au-dessus de l’habituelle série d’adresses de sites comportant ces mots, vous trouverez, sous la mention "Book results for George Washington" un lien qui vous emmènera sur le serveur print.google.com qui est destiné à recevoir les ouvrages numérisés en question (soit complets, s’ils sont libres de droits, soit sous forme d’extraits, dans le cas contraire).
La constitution de cette immense bibliothèque accessible sur le Web pose des problèmes comparables à ceux qui sont posés par le recensement des sites et des nouvelles (voir notre article du 27/09/04 : qu’est-ce qui sera mis en avant, qu’est-ce qui sera caché ?
Il provoque, de plus, l’inquiétude de certains en France, notamment de Jean-Noël Jeanneney, directeur de la Bibliothèque Nationale de France (BNF). Il faut dire que les amorces de projets comparables (et souvent antérieurs) n’ont pas convaincu. Ainsi Gallica, qui propose un accès à 70 000 ouvrages numérisés, est bien peu ergonomique et satisfaisant.
Il faut dire que face aux moyens de financement prévus par Google pour son projet (150 à 200 millions de dollars), la BNF dépense chaque année pour sa bibliothèque virtuelle Gallica (80.000 ouvrages en ligne) un millième de cette somme [1]. Le risque est grand, dès lors, que l’écart se creuse rapidement et que la grande bibliothèque universelle se limite à l’univers ... anglophone.
A moins que des éditeurs francophones contractent pour s’insérer dans le projet Google. Ou encore qu’une collectivité, mais laquelle ?, entreprenne de mener un projet comparable, en mission de service public.
[1] A noter toutefois que la BNF vient d’annoncer le lancement d’un projet numérisation de journaux allant du XIXe siècle à la fin de la seconde guerre mondiale (voir Le Monde).