L’interpellation de Vittorio de Filippis

samedi 29 novembre 2008.par Philippe Ladame
 

Vittorio de Filippis, ex-directeur de la publication de Libération, a été interpellé à son domicile et mis en examen pour "diffamation", ce vendredi 28 novembre 2008.

« Je suis l’avocat de Libération depuis 1975 et c’est la première fois que je vois un directeur de publication faire l’objet d’une interpellation et d’un mandat d’amener » a expliqué Me Lévy.

La chose est d’autant plus troublante, que la raison de l’interpellation de Vittorio de Filippis n’est pas un délit considérable : c’est le résultat d’une plainte pour diffamation déposée par Xavier Niel (condamné en octobre 2006 à 2 ans de prison avec sursis pour recel d’abus de biens sociaux dans une affaire de proxénétisme) qui contestait un article publié sur le site internet de Libération évoquant sa condamnation.

Au regard du délit supposé (dont Me Lévy souligne qu’il n’est pas passible de prison), l’interpellation de Vittorio de Filippis, à l’heure du laitier, sonne comme un dérapage judiciaire et policier insupportable, si l’on en croit le récit de la matinée qu’on peut lire dans Libération du 28/11/08 :

Réveillé à 6h40, il est emmené au commissariat du Raincy, obligé de laisser ses deux jeunes fils se débrouiller seuls pour aller à l’école. Les mains menottées dans le dos, il est ensuite emmené au Tribunal de Grande Instance, où il sera déshabillé et fouillé à deux reprises. On lui retire ses lacets, sa ceinture, la batterie de son portable. et tous ses papiers et effets.

A plusieurs reprises, il demande l’assistance de ses avocats, en vain. En l’absence, il refuse de répondre aux questions de la juge, qui finit par lui notifier sa mise en examen pour « diffamation ». Il sort du tribunal à 11h30.

Informée, la Société civile des personnels de Libération (SCPL, actionnaire du journal) dénonce, dans un communiqué, « ces méthodes inadmissibles ». « La SCPL veut manifester sa solidarité vis à vis de Vittorio de Filippis, écrit-elle. Nous protestons auprès des autorités politiques et judiciaires. Nous demandons qu’une enquête soit ouverte sans délais sur ces méthodes. »

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